Le discours de Saïed vu par trois chercheuses
Amel Grami, écrivaine et chercheuse, Salwa Hamrouni, présidente de l’Association tunisienne du droit constitutionnel et Raja Ben Slama, chercheuse et directrice de la Bibliothèque nationale, étaient, ce vendredi 22 octobre 2021, les invitées de Midi Show. Leur débat s'est penché sur les moyens susceptibles de sortir le pays de la phase exceptionnelle par laquelle il passe, ainsi que sur les réformes nécessaires.
Amel Grami a estimé que les situation en Tunisie est étroitement liée au contexte international, caractérisé par une non-satisfaction, qui peut changer et progresser dans le bon sens.
Elle a, dans ce sens, critiqué la Constitution de 2014 qui comprend un certain nombre de lacunes au niveau des définitions. "Ceux qui l'ont rédigée, n'ont pas une seule conception de l'État civil", a-t-elle noté, indiquant, toutefois, qu'il ne faut pas s'en débarrasser en bloc.
L'écrivaine a poursuivi que parmi les erreurs commises par le président de la République, Kais Saïed, sa tendance à s'octroyer la "vraie" connaissance. "Il a cette tendance à ne pas écouter les autres", a-t-elle lancé.
Pour sa part, Raja Ben Slama a affirmé qu'on ne peut plus faire marche arrière.
"Bien qu'il existe une certaine tendance à monopoliser le pouvoir, le retour en arrière est difficile", a-t-elle indiqué, ajoutant qu'il faut prendre des décisions en mesure d'améliorer le quotidien des Tunisiens, en leur assurant la dignité, la liberté et les droits.
"On en a assez des dialogues et des concertations", a noté la chercheuse et directrice de la Bibliothèque nationale.
Quant à Salma Hamrouni, elle a qualifié le discours de Kais Saïed de dictatorial, ressemblant aux deux présidents post indépendance. "Son discours est basé sur les contradictions entre les droits et libertés civiques, d'une part et les droits économiques et sociaux, d'autre part", a-t-elle précisé.
Et d'ajouter que la démocratie représentative passe par une crise et ce, dans les quatre coins du monde. Hamrouni a, par ailleurs, estimé qu'à travers son discours, le chef d'État montre bien qu'il a tendance à défendre les secteurs publics, notamment l'éducation et la santé. "Je pense que c'est un point positif", a souligné l'invitée de Midi Show.
Dorsaf Laameri